En fin de semaine, le PQ avait un conseil national sur l’habitation et je portais attention à temps perdu sur YouTube parce que j’avais déjà pogné une excellente conférencière qui discutait de la crise du logement.
Dimanche soir, je tombe sur le discours de Paul St-Pierre Plamondon. Je vous colle le lien YouTube parce que ce sera pertinent.
Si vous cliquez dessus, vous pourrez voir que la vidéo est de 39 minutes et que le discours dure une bonne demi-heure.
Je pensais que c’était le genre de discours qui n’allait intéresser que les militants péquistes ou les indépendantistes crinqués comme moi, mais oh que non! D’ailleurs, je n’étais pas à m’étonner du clash dans la couverture.
Depuis dimanche, on a eu droit à plusieurs réactions fédéralistes et la joute politique étant ce qu’elle est, la mauvaise foi n’était pas en rupture de stock.
C’était presque toujours le même stratagème.
Isoler une phrase ou deux dans le discours qu’ils peuvent attaquer.
Faire comme si tout le discours (d’une demi-heure) ne parle que de cette phrase ou deux.
Ensuite, partir sur des conclusions comme quoi PSPP ou le Parti québécois sont rendus beaucoup trop comme cette phrase ou deux.
Souvent, la tentative de spin était tellement grande que j’avais l’impression qu’on n’avait pas écouté le même discours.
Ce que les intervenants choisissaient d’omettre avec leur petit stratagème, c’est que Paul St-Pierre Plamondon amène constamment des tonnes d’arguments pour l’indépendance. Une abondance d’arguments très variés et visant un éventail de catégories d’électeurs.
Si quelqu’un accorde plus d’importance à notre histoire, il a des arguments historiques. Si quelqu’un s’intéresse plus à l’aspect économique, il a des arguments économiques. Si pour quelqu’un d’autre, c’est le côté culturel qui prime, il présente des arguments pour ça aussi.
Que la personne s’intéresse au côté environnemental, linguistique, constitutionnel, il a des arguments propres à tous ces sujets-là. Pour l’électeur qui s’intéresse plus au court terme ou celui qui regarde plus loin dans le temps. Qu’on soit plus à gauche ou plus à droite. Qu’on préfère le pragmatisme, le rationnel ou l’émotion. Il a des arguments sur tout ça.
Si on a envie de rêver l’idéal d’un Québec pays, il a des passages inspirants sur tout ce qu’on pourrait être. Si on est plus en colère contre Trudeau et le Canada, vous ne serez pas déçu non plus.
Il y a une multitude de raisons de réaliser l’indépendance et St-Pierre-Plamondon essaie de vendre son idée à un maximum de personnes possible. C’est littéralement ça son travail.
Isoler un des arguments et se plaindre que ce n’est pas la bonne façon de vendre l’indépendance, c’est de mal comprendre la démarche. Même quelqu’un comme moi, ultime indépendantiste, il y des arguments qui me rejoignent moins. Il y a des arguments où je suis carrément en désaccord. Il y a aussi des fois où je trouve qu’il pousse un peu fort.
Je peux même tirer sur mon but le temps d’un exemple. Ces temps-ci, PSPP répète souvent qu’on obtient à peu près rien pour les 82 milliards d’impôt qu’on envoie à Ottawa. Souvent, il ose même le dire en entrevue à Radio-Canada, dont le budget fait littéralement partie de ces 82 milliards-là.
Mais je pense qu’encore là, il y a une partie de joute politique dans tout ça. Sûrement qu’il souhaite seulement le moment où un fédéraliste osera défendre que le Québec en obtient pour son argent avec toutes les impôts qu’il envoie à Ottawa. Mais pour le moment, personne n’a même osé attaquer son argumentaire sur le fond. Tous ses adversaires politiques ont préféré passer la semaine à tester chaque phrase de son discours.
« Cet argument-là, c’est trop ci. »
« Cet argument-là, ça donne l’impression de ça. »
Ces critiques, ça peut être un processus désagréable à court terme quand la mauvaise foi est grande ou qu’on tente de disqualifier la personne, mais quand on arrive à passer au travers la tempête, l’argumentaire se peaufine. Le concept d’indépendance continue de se roder, de s’améliorer.
Pendant que Gabriel Nadeau-Dubois souhaite conserver son 15% d’électorat en disant que PSPP est un genre de méchant conservateur anti-jeunesse, pendant qu’Éric Duhaime tente de nous convaincre qu’il est le grand rassembleur que le Canada attendait pour écouter le Québec, pendant que Marc Tanguay essaie d’exister, pendant que la CAQ accumule les échecs de sa troisième voie, pendant que Justin Trudeau essaie de se maintenir au pouvoir en dilapidant des milliards, Paul Saint-Pierre Plamondon pousse une idée.
Un idéal.
D’ailleurs, Ruba Ghazal de Québec solidaire rayonne de la même façon ces temps-ci. Je ne l’ai jamais vu autant à l’aise depuis qu’elle est député. Elle multiplie les évènements sur l’indépendance, et ça se voit que c’est agréable et gratifiant de défendre un idéal.
(Ça clashe avec Gabriel Nadeau-Dubois pour qui parler d’indépendance est comme de lui arracher une dent.)
Bref, tout ça pour dire qu’en tant qu’indépendantiste, malgré les critiques souvent très partisanes, voire cheap, on peut difficilement demander mieux que ce qui se passe ces temps-ci. Et c’est très encourageant pour la suite.
"pendant que Marc Tanguay essaie d’exister" LOL
Excellente analyse du discours de PSPP. La plus exhaustive que j'ai lue à ce jour.