Il y a toute une différence entre le combat pour remporter une élection à 34% et remporter un référendum à plus de 50%.
Dans une joute politique où l’on exige souvent aux partis de se placer en opposition les uns aux autres, c’est de la jonglerie de haut niveau d’arriver à accumuler des nouveaux appuis tout en évitant d’en échapper d’autres. Même au niveau de la militance, ça demande d’être plus rassembleur, voire plus mature.
Lors de l’échec de 1995, on a beaucoup parlé des fameux « votes ethniques », mais je n’ai jamais cru que le 0.59 % manquant se trouvait dans ces communautés où ça votait non à 99 %. Pour moi, il était clair que ce qui manquait se trouvait plutôt dans la région de Québec où le oui passait tout juste sur la fesse.
Si notre capitale nationale n’est pas plus intéressée que ça à ce qu’on se « lance à notre compte », c’est le signe qu’on a échoué quelque part et que nous ne sommes pas prêts. C’est là qu’on aurait dû travailler plus fort.
Dans le Québec de 2024, on a un problème encore plus grand qui se révèle de plus en plus clairement. Il y a une tranche majeure de la population qui n’adhère pas suffisamment au mouvement : les femmes.
Selon les derniers sondages, les femmes pour le oui se trouveraient nettement sous la moyenne à 26 %. Ça doit devenir une priorité.
Quand je suis tombé sur cette statistique, j’ai vite eu besoin d’aller consulter une diversité de femmes dans mon entourage afin de trouver des débuts d’explications pour comprendre le phénomène, parce que je dois avouer que spontanément, j’ai beaucoup de mal à m’expliquer pourquoi les femmes ne se trouveraient pas gagnantes dans le projet d’indépendance.
Même si le Québec est imparfait, je demeure profondément convaincu que nous sommes l’endroit le plus féministe en Amérique et ce, autant sur des trucs plus pointus que des enjeux traditionnels comme l’avortement.
Mais peut-être que l’enjeu n’en est pas un de féminisme? Parmi les femmes de mon entourage, j’ai entendu certaines me dire des théories plus dures que ce que je m’attendais. Des trucs que je n’aurais jamais osé formuler comme ça (au risque de me faire pendre sur la place publique par le scrotum).
« On manque de courage. »
Ce que j’ai trouvé hyper intéressant, c’est le parallèle avec toutes ces femmes qui ont plus d’hésitation à se lancer en politique. Tous les recruteurs politiques constatent la même chose lorsqu’ils courtisent des femmes pour les convaincre de se lancer.
« Moi? Est-ce j’ai vraiment ce qu’il faut? »
Dans les gros stéréotypes qui coupent les coins ronds, l’homme se remettra moins en question que la femme qui doutera davantage d’elle-même. Est-ce que ça pourrait être la même chose concernant l’indépendance? Peut-être. Chose sûre, je préfère cette théorie à celles de niveau « elles trouvent que Justin est un bon petit monsieur propre ».
Évidemment, ce manque de confiance est un problème profond qui ne se règlera pas avec quelques slogans, mais au gros minimum, une meilleure représentation serait déjà un excellent départ.
Pour le moment, le Parti québécois n’a que quatre députés qui stous des hommes alors assurément, les candidatures féminines lors de la prochaine élection seront absolument cruciales. J’ai très hâte de voir qui ils seront capables de recruter. J’espère surtout que des femmes de qualité oseront se lancer dans le mouvement pour prendre leur place et en inspirer d’autres.
C’est immense ce que des femmes comme Catherine Fournier, Ruba Ghazal ou Véronique Hivon représentent pour notre société. Non seulement elles amènent leur contribution, mais souvent, leur présence pousse d’autres femmes à oser se lancer à leur tour. Les bienfaits deviennent donc exponentiels!
D’ailleurs, si vous connaissez des femmes qui seraient des ajouts de qualité au mouvement, allez leur suggérer l’idée avec un petit mot pour que ça commence à germer. Et si une femme qui hésite lit ce texte, voyez ça comme votre signe!
Le temps de plonger et de faire une différence, c’est maintenant.
Pourquoi ne pas recruter Janette Bertrand ? Je pense qu'elle dirait OUI !
Juste après avoir publié mon texte, je tombe sur cette vidéo. On semble avoir fait le même constat au PQ. https://www.youtube.com/watch?v=ilfG5FUneGI