Le Bloc et la technique Poilievre
Je ne suis pas le plus grand partisan du Bloc. Je les ai varlopé il y a quelques semaines parce qu’encore une fois, ils faisaient un peu trop François Legault dans leur trip de catholaïcité.
On demande souvent dans les médias à quoi sert le Bloc. Eh bien, pour un indépendantiste, l’utilité est assez simple. Ça permet de ne pas avoir à choisir mon poison entre Justin Trudeau et Pierre Poilievre. Pourquoi aurais-je envie de choisir entre les Conservateurs et les Libéraux? Deux idéologies problématiques à leur façon.
Le multiculturalisme pur jus au service du patronat ou une droite religieuse louche?
Ça va aller, merci.
Le Canada s’accommode bien de cette alternance. On pourrait même argumenter qu’il s’en accommode de plus en plus. Avec l’immigration importante, c’est sûr que le Canada se « conservatise » avec le temps. Les gens qui arrivent, ils arrivent de sociétés souvent beaucoup moins progressistes que le Québec, et donc, en moyenne, ça donne aux Conservateurs un électorat de plus en plus grand et les Libéraux continuent de les courtiser avec leur modèle multiculturaliste.
Mais pour quelqu’un avec mes valeurs, c’est juste désagréable que ce soit un parti à l’autre. Ces temps-ci, Poilievre utilise l’écoeurement pour Justin Trudeau à toutes les sauces. Il utilise la même technique pour le Québec.
« Voter Bloc, c’est voter Justin Trudeau. »
La technique Poilievre
C’est de loin la technique de politicien de carrière qui rapporte le plus : répéter un mensonge tellement souvent que ça finit par être perçu comme une vérité. Très américain comme stratégie. Ça clash fort avec St-Pierre Plamondon qui fait le tour des universités ces temps-ci en misant sur la pédagogie et la sincérité.
Pourtant, un vote pour le Bloc influe zéro sur la réélection ou non de Justin Trudeau. Avec le déclin démographique du Québec dans le Canada, ça fait longtemps que le Québec n’a plus d’impact dans le choix des partis au pouvoir. Les gouvernements canadiens se décident toujours en Ontario. D’ailleurs, les derniers gouvernements Conservateurs ont obtenu la majorité sans aucune aide du Québec.
Je suis d’accord avec la dynamique du vote stratégique dans certaines circonstances, mais si les Conservateurs gagnent seulement avec le ROC, en quoi voter pour le Bloc représenterait un vote pour Trudeau? Ça ne fait aucun sens.
Surtout qu’après sa défaite, Trudeau ne sera même plus là.
Un vote pour le Bloc, c’est un vote pour le Bloc. Le Québec est un non-facteur dans le fédéralisme canadien.
D’ailleurs, les fédéralistes qui répètent sans cesser combien le Bloc ne sert absolument à rien, dès que le Bloc finira par s’effondrer, ils seront les premiers à dire que c’est un signe clair comme quoi le projet d’indépendance est enfin mort.
Bref, le Bloc ne sert à rien, sauf lorsqu’il disparait. Mais si on peut enfin se déniaiser, il disparaitra alors que le Québec deviendra enfin un pays.