Je sais. Je risque d’en perdre au moins 80% d’entrevous avec ce sujet-là, mais peut-être pourrai-je conserver votre attention quelques secondes supplémentaires grâce à cette image de blondie folle et nazie?
C’est que la série Andor, c’est du grand Star Wars.
Je viens de terminer les épisodes 7, 8 et 9, et quelle saison de télé! Il reste encore les épisodes 10, 11 et 12 qui concluront la saison (et la série), mardi prochain.
D’ailleurs, message aux plateformes numériques de ce monde, la deuxième saison d’Andor possède le meilleur rythme possible pour une diffusion : trois épisodes par semaine. Un épisode par semaine, c’est trop peu, et toute une saison d’un coup, on peut avoir tendance à ne pas apprécier l’oeuvre à sa juste valeur et ça devient un peu du gaspille. Trois épisodes par semaine : c’est parfait.
Il faut dire que l’histoire s’y prête bien. Pour la seconde saison d’Andor, on raconte les quatre années précédant la Bataille de Yavin, alors chaque semaine, on diffuse trois épisodes qui couvrent une année dans l’histoire.
Du Star Wars adulte
À la base, Star Wars était un univers qui s’adresse aux enfants de 12 ans. Des lasers piou-piou, des jouets de Grogu, le bien bien et le mal mal. Et même si j’ai trois fois le double de cet âge cible, j’arrive à y trouver mon compte quand même. Je regarde même les dessins animés comme Clone Wars, Rebels et tous les Tales.
Il reste que dans Andor, même si tout est raccord avec les autres oeuvres qui s’adressent aux plus jeunes, on est ailleurs. On nous offre vraiment un Star Wars pour adultes. Pas adulte dans le sens de adulte-adulte.
C’est une question de ton.
Par exemple, habituellement dans Star Wars, les batailles et les scènes d’action sont là pour procurer du plaisir au spectateur. C’est excitant. Dans la saison deux, sans divulgâcher grand-chose, on assiste à une scène de fusillade, mais c’est une horreur. C’est malaisant comme une tuerie devrait être malaisante. Les droïdes ennemis qui ont l’habitude dans Phantom Menace d’être cabotins avec leurs petits « roger roger » …
Dans Andor, ils sont terrifiants. Une force et une brutalité qui font mal pour vrai. Ils brisent des os et ce, sans la moindre émotion.
Souvent, bien des préquels sont prévisibles (parce qu’on sait où ça s’en va) et avec Disney, c’est souvent un ramassis de petits easter eggs un peu vide où l’on se dit « oh regarde, ce sont les mêmes dés que dans le Faucon Millenium ». Dans Andor, on arrive à nous présenter autre chose que ces calories vides.
On ajoute à l’univers. On l’enrichit.
On nous présente un peuple, les Ghormans, qui arrivent à exister en seulement quelques épisodes. Un peuple avec une langue, une culture, une identité. Même des chants patriotiques auxquels on croit.
On voit comment se crée une révolution et comment ça peut devenir sale. Comment les forces de l’ordre peuvent choisir stratégiquement d’y aller d’un tir ami pour faire dégénérer une manifestation à leurs propres fins.
Les inspirations
Star Wars a toujours eu beaucoup de références cinématographiques et historiques. La trilogie originale est inspirée à la fois des films de science fiction des années 30 et 40, mais aussi des westerns et des films de samouraïs japonais.
D’un côté historique, Lucas a souvent parlé de la guerre du Vietnam, mais on y reconnait aussi les nazis, autant dans les histoires que dans l’esthétisme des vilains.
Cette fois-ci, Tony Gilroy et Andor se sont fortement inspirés d’un film algéro-italien que je ne connaissais pas : La Bataille d’Alger. (La battaglia di Algeri.)
D’ailleurs, quelques faits troublants reliés à la sortie du film en France :
Initialement interdit en France, le film est diffusé brièvement en 1970 mais retiré des écrans, sous la pression d'associations d'anciens combattants, de manifestations d'extrême droite, après une campagne haineuse et des menaces d'attentats à la bombe. Plusieurs projections sont annulées après différents incidents à Orléans, à Laval et à Lons-le-Saunier. À Saint-Étienne, le projectionniste découvre un sac bourré d'explosifs[11].
Le film attendit 1971 pour sortir normalement[25]. Le 10 décembre 1980, une forte charge de plastic, placée dans le hall d'un cinéma de Béziers qui projetait La Bataille d'Alger, explose et cause d'importants dégâts matériels. En janvier 1981, à Paris, deux personnes sont blessées lors d'un attentat contre le cinéma Saint-Séverin[26].
Bien souvent, ces références me passent au-dessus de la tête, mais c’est là tout l’exploit. Andor arrive à créer une histoire qui s’apprécie à différents degrés de profondeur. Il n’en tient qu’à nous de fouiller tout ça et de l’apprécier sur la fréquence à notre portée.
Ultimement, Andor parle beaucoup de l’importance de la vérité en temps de conflit. Dans notre ère de post-vérité où les gens croient de moins en moins aux médias et aux politiciens, même les références du siècle dernier semblent plus actuelles que jamais.
***
Pour les nombreuses personnes qui ont décroché de Star Wars et qui ne savent pas ce qu’ils ont besoin de regarder pour apprécier Andor à sa juste valeur, les prérequis sont très accessibles.
Il suffit de regarder la trilogie originale et le film de 2016, Rogue One.