Un sondage Léger est sorti cette semaine où Paul St-Pierre Plamondon déclassait François Legault dans la catégorie « leader qui ferait le meilleur Premier Ministre ».
Lien vers le sondage : https://leger360.com/fr/sondages/intentions-de-vote-provinciales/
J’ai un ami qui souhaitait que je parle de cette super nouvelle, mais personnellement, ce sondage m’a un peu laissé sur ma faim.
Bon, j’étais content pour Paul St-Pierre Plamondon. C’est fou le chemin qu’il a parcouru. La première fois que j’ai voté pour PSPP, c’était lors de la chefferie du PQ de 2016 où il était passé complètement dans le beurre. C’est la course où ça se passait entre Jean-François Lisée (trop détestable) et Alexandre Cloutier (trop mou). De mémoire, St-Pierre Plamondon n’avait pas récolté plus que 5% des votes, dont le mien.
J’ai encore voté pour lui lors de la course de 2020, a.k.a. la course de la mort annoncée du PQ. PSPP était le seul candidat qui donnait la moindre chance au parti de survivre. Sylvain Gaudreault est sûrement le politicien le plus soporifique de l’histoire du pays alors qu’avec Guy Nantel, les fédéralistes auraient eu le beau jeu de continuer à discréditer le parti jusqu’à sa mort officielle.
Bref, j’appuie Paul St-Pierre Plamondon depuis ses débuts et je me réjouis de son succès, mais pourquoi le sondage m’a laissé sur ma faim? Même si je prends ma carte de membre les années de chefferie afin de pouvoir exercer mon vote, je ne suis pas péquiste. Je suis indépendantiste.
Et dans le dernier sondage, l’indépendance n’a pas bougé d’un « ti-poil ». Elle demeure stable à 35%. Avec 31% chez les jeunes.
Certains analystes commencent déjà à raconter que Paul St-Pierre Plamondon risque d’utiliser l’indépendance pour continuer à s’élever, mais qu’éventuellement, il devra délaisser l’option nationale afin d’aller chercher le pouvoir.
Et pour moi, ce scénario est l’ultime cauchemar. D’ailleurs, ça m’enrage lorsque les analystes politiques tiennent pour acquis que tous les politiciens sont corrompus au niveau de leurs idéaux. Qu’ils sont tous prêts à dire et faire n’importe quoi pour le pouvoir. C’est un niveau de cynisme que je ne partage pas.
D’ailleurs, si St-Pierre Plamondon avait souhaité le pouvoir à tout prix, pourquoi ce serait-il engagé avec le parti dont la mort était annoncée par tous, y compris moi?
Bon, je sais, je parle d’idéal politique dans une semaine où Justin Trudeau vient de reculer sur sa taxe carbone suite à des sondages épouvantables. Mais le Parti libéral, c’est ce qu’on appelle « un parti de pouvoir ». Par définition, ils n’ont pas d’idéal.
Moi, les politiciens que je respecte, ce sont ceux qui osent défendre les « meilleures » idées plutôt que les idées « populaires ». C’est à l’inverse de la CAQ qui essaie toujours de suivre le sens du vent dans les sondages. C’est aussi ce que je reprochais à la génération précédente de péquistes. Le PQ de Pauline Marois qui souhaitait avant tout détenir le pouvoir en attendant que l’indépendance redevienne à la mode, un peu par magie.
Un PQ qui a sorti la Charte des valeurs pour remporter une petite élection, même si ça allait grandement nuire advenant un référendum.
Mais revenons à mon titre assez volontairement polémique : la noyade.
Je suis bien conscient que parler de noyade, c’est mal vu dans certains cercles. En fait, vous remarquerez, toutes les expressions qui viennent du camp indépendantiste finissent par se faire diaboliser et devenir inutilisables. L’année passée, on ne voulait même plus qu’on parle de louisianisation.
Dès qu’une expression tente d’exprimer ou d’imager le déclin démographique du Québec dans le Canada, on sort ses petites aiguilles pour nous tricoter un lien louche.
« Bon, c’est ça, « noyade » comme dans « remplacement » ! Remplacement comme dans Grand Remplacement, cette théorie du complot française! » (Pas du tout. Zéro.)
« Bon, vous mettez tous les malheurs du Québec sur les pauvres familles qui choisissent le Canada pour se donner simplement une meilleure vie! » (Pas du tout. Ce n’est jamais mon propos.)
« Bon, vous essayez de dire que le Canada tente de noyer le Québec intentionnellement! » (Même pas!)
Même si ç’a sûrement été vrai à certaines époques du Québec, je ne pense absolument pas que le Canada essaie volontairement de noyer le Québec. Au contraire. Je suis persuadé que la stratégie n’a absolument rien d’aussi machiavélique.
Elle est plutôt simple. Les libéraux, le Canada, menés par les conseils du patronat du monde des affaires, souhaitent doper la population du Canada à outrance. Pas par grandeur d’âme ou pour sauver des familles de la misère, mais bien parce que ça sert l’agenda économique du monde des affaire et l’agenda électoral des politiques.
Dans tout ça, le déclin démographique du Québec n’est qu’un triste dommage collatéral. Je pense même que plusieurs libéraux et fédéralistes sont mal à l’aise avec la situation.
Même si on doublait les seuils proposés par n’importe quel parti Québécois, le Québec continuerait de décliner dans le Canada. Et ce n’est pas parce que le Québec est intolérant ou anti-immigration. Il n’y a juste aucun pays moderne qui accueille autant d’immigrants que le Canada. Aucun!
Et ce serait exactement la même chose si le Québec n’existait pas.
Les plus lucides fédéralistes le voient très bien qu’à long terme, le Québec ne pourra que se dissoudre dans le Canada. Ils n’ont pas d’arguments contre ce constat alors ils préfèrent nier la réalité ou changer de sujet.
Très souvent, j’échange avec des fédéralistes pour tester mes arguments et mieux comprendre leur point de vue, et 90% du temps, ils préfèrent simplement ignorer ce constat. La grande majorité aurait abandonné ce texte dès qu’ils en auraient vu la tournure.
C’est un constat trop inconfortable.
C’est un peu comme les gens qui ne veulent pas croire aux changements climatiques. Ils préfèrent se trouver un expert quelque part qui dira le truc qui arrivera à les rassurer. Quelqu’un quelque part qui leur permettra de se maintenir confo dans le statu quo, l’esprit tranquille.
Et c’est pour ça que je suis déçu du dernier sondage. Même si PSPP et le PQ grimpent, l’indépendance reste stuck à 35%. Le camp de la tête dans le sable continue de dominer.
Pourtant, alors que le Québec représentait 28% du Canada en 1971 et qu’il avait chuté à 22,6% en 2020, les dernières années ne feront qu’accentuer cette tendance dans un Canada dont la population ne cesse d’exploser.
On peut babouner sur le choix des mots. Dire que ce n’est pas une lousianisation. Dire que ce n’est pas une noyade. Mais la réalité demeure la même.
Peut-être pourrait-on parler d’ile-du-prince-édouardisation du Québec.
Après tout, tout le monde aime ça, l’Ile-du-Prince Édouard. Ce n’est pas (encore) un truc tabou. Il reste que c’est ça le destin du Québec dans le Canada : un faible pourcentage de gens qui se fait mener par la majorité. Et je sais qu’il a quelques fédéralistes (surtout à Montréal) qui trouvent ça bien acceptable comme futur, l’Ile-du-Prince Édouard.
Dans un Québec pays, on aurait 100% du pouvoir.
Mais pour ça, il faut oser sortir du statu quo. Sortir de sa zone de confort. Et pour le moment, ça représente encore trop d’effort à notre goût.