Le grand bulletin sur la couverture médiatique du budget de l'an 1 d'un Québec pays
Un exercice encore plus attendu!
Au cours des dernières années, j’ai souvent souffert du traitement médiatique face au projet d’indépendance. Pendant une longue période, il fallait s’habituer aux animateurs blasés qui commençaient toutes les entrevues en répétant que le projet est mort et n’intéresse personne.
Cette semaine, comme je prévoyais déjà me taper tous les segments qui allaient aborder le budget de l’an 1 d’un Québec pays, j’ai cru bon prendre des notes et en faire un petit bulletin sur mon appréciation des différentes personnalités médiatiques. Et tant qu’à y être, je me suis aussi amusé à leur attribuer des appartenances politiques, me fiant bien sûr sur mes meilleurs préjugés qui se sont forgés au fil des années à suivre tout ce beau monde-là.
L’analyse est évidemment subjective. Pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, je suis un indépendantiste passionné et convaincu. Mon tout premier vote à vie était pour le OUI en 1995 où je venais tout juste d’avoir 18 ans. Depuis, j’ai aussi voté pour le Parti Québécois, Françoise David et Gabriel Nadeau-Dubois de QS, le Bloc Québécois et sûrement que la fois où je me suis senti le plus rejoint par un parti politique, c’était avec Option nationale, le parti de Jean-Martin Aussant.
J’y vais donc avec une formule assez simple :
L’appartenance politique du chroniqueur, journaliste ou animateur.
L’angle avec lequel ils abordent cette histoire d’un budget de l’an 1. Leur principal propos ou sous-texte.
Je finis avec une petite note comme dans un bulletin où mon principal critère d’évaluation est de la bonne foi. Ils peuvent être critiques. Ils peuvent poser des question corsées. Tant que c’est fait avec bonne foi.
Dans les prochains mois, nous aurons l’occasion d’avoir une discussion intelligente et constructive sur un rare projet de société et le niveau du débat et de discussion dépendra grandement de nos médias.
Alors voilà!
Paul Arcand au 98.5, Cogeco
Appartenance politique : Conservateur de la vieille école, un peu à la Lucien Bouchard pré-indépendantisme.
Angle sur le sujet : On ne fait pas l’indépendance pour sauver quelques piastres et selon lui, les priorités des électeurs (ou les siennes) sont ailleurs.
Note : B-. On voit qu’il aborde le sujet à reculons, mais une fois pogné pour le faire, il est compétent et fair.
Patrick Masbourian à Tout un Matin, Radio-Canada
Appartenance politique : Fier porte-étendard du mandat radio-canadien qui consiste à unir un beau grand Canada multiculturaliste.
Angle sur le sujet : Son émission a eu plusieurs segments sur le sujet et ça lui tentait d’en discuter. Lorsqu’il intervient dans les débats, c’est systématiquement pour aider le camp du non ou aider sa « maitresse à penser » Chantal Hébert, mais je m’attendais à bien pire.
Note : B. Masbourian a été plus fair qu’il ne l’a jamais été concernant l’indépendance, même si on se doute bien de ce que lui et son équipe pensent à l’interne.
Sébastien Bovet, Radio-Canada
Appartenance politique : Type de journaliste qui semble trop blasé pour avoir une appartenance politique.
Angle sur le sujet : Analyse surtout de la joute politique, mais se permet quand même de sous-entendre constamment que ça n’intéresse personne.
Note : B
Alec Castonguay à Midi Info, Radio-Canada
Appartenance politique : Fédéraliste radio-canadien qui voudrait garder son Canada uni pour toujours.
Angle sur le sujet : trouver des failles dans l’exercice du Parti québécois qu’il attend impatiemment depuis plusieurs jours.
Note : B-. Il semblait vraiment déçu de ne pas avoir eu assez de temps pour arriver à coincer PSPP.
Françoise Boivin, Mordus de politique, Radio-Canada
Appartenance politique : Je déduis qu’elle représente le NPD parce que les autres chaises sont prises, mais sincèrement, je ne comprends jamais trop trop ce qu’elle défend.
Angle sur le sujet : « Ouin, mais làààààà, le Canada ne voudra jamaiiiiiis! »
Note : C. Plus ou moins bonne, plus ou moins utile. Un peu comme le NPD! (Ahah, c’est une blague!)
Michelle Courchesne, Mordus de politique, Radio-Canada
Appartenance politique : Jean Charest est son Jésus, même s’il l’a garroché sous l’autobus (scolaire).
Angle sur le sujet : Elle trouve PSPP super bon, mais c’est sûr qu’elle espère que le retour du sujet pourra aider sa gang libérale.
Note : B+. Courchesne a une famille politique, mais elle est toujours ouverte et parlable.
Émilie Nicolas à Tout un Matin, Radio-Canada
Appartenance politique : Évangéliste woke qui souhaiterait que le Québec soit Toronto.
Angle sur le sujet : S’autoproclame représentante de la jeunesse pour ensuite placer subtilement que le sujet n’intéressera que quelques boomers dépassés.
Note : B-. C’était plutôt fair. Il faut dire que Nicolas est toujours plus dosée/raisonnable dans ses interventions à Radio-Canada que dans ses chroniques écrites ou sur Twitter.
Richard Martineau à QUB
Appartenance politique : Polémiste babouneux, mais un polémiste babouneux indépendantiste.
Angle sur le sujet : Le mouvement ne devrait pas parler de chiffres parce qu’on n’est pas indépendantiste pour une question de chiffres.
Note : B-. Mon échantillon était très court parce que d’habitude, j’écoute son segment avec Thomas Mulcair et Jean-François Lisée, mais comme Lisée est en vacances, j’ai laissé tomber.
Thomas Mulcair, la Joute, TVA
Appartenance politique : Un des rares fédéralistes canadien-anglais à saisir et respecter le Québec.
Angle sur le sujet : Ce serait une énorme erreur de briser notre beau pays.
Note : B. C’est sûr que pour Mulcair, la cassure du Canada serait un désastre. Il représente parfaitement le rêve déchu du bilinguisme canadien tel qu’il était fantasmé il y a 30-40 ans. La preuve, c’est que des anglos comme Mulcair qui s’intéressent aux deux cultures, il en existe à peu près 14 dans tout le pays.
Jonathan Trudeau au 98.5, Cogeco
Appartenance politique : Porte-voix de la CAQ.
Angle sur le sujet : PSPP est habile pour faire parler de lui. #complimarde
Note : C
Patrick Lagacé au 98.5, Cogeco
Appartenance politique : Votre guess est aussi bon que le mien, mais le mois passé, il aidait gracieusement le PLQ à se trouver une chef.
Angle sur le sujet : Il a essayé de repérer des erreurs dans le budget en bon Franc-Tireur, mais les chiffres, ce n’est pas sa force.
Note : B.
https://www.lapresse.ca/actualites/chroniques/2023-09-13/allez-y-madame-rizqy.php
Philippe Cantin au 98.5, Cogeco
Appartenance politique : Jumeau louche d’André Pratte.
Angle sur le sujet : PSPP est bon, la démarche est bien faite, mais il faut se rappeler qu’on ne peut pas réellement savoir ce que l’avenir nous réserve.
Note : B. Un des chroniqueurs qui m’énerve le plus, mais je dois l’avouer, il a été correct. Comme plusieurs autres qui sont sévères avec l’indépendance et le Parti québécois, ils ont un soft spot pour Paul St-Pierre Plamondon.
Michel C. Auger, Panel politique, Radio-Canada
Appartenance politique : Fédéraliste anti-Québec avec des paupières lourdes.
Angle sur le sujet : Il essaie maladroitement d’émettre des hypothèses négatives sur des extrapolations basés sur de fausses prémisses afin d’émettre quelques inquiétudes.
Note : C-. Ce qui est pas mal sa moyenne à l’année longue.
Hélène Buzzetti, Panel politique, Radio-Canada
Appartenance politique : Une des rares à couvrir le fédéral qui pourrait bien être indépendantiste, mais elle est surtout une contrarian qui aime picosser les idées reçus.
Angle sur le sujet : Elle choisit de focaliser sur la joute politique étant donné que la véracité des chiffres sur un budget plusieurs années dans le futur pour un pays hypothétique, c’est impossible à prévoir.
Note : B+
Josée Legault, Panel politique, Radio-Canada
Appartenance politique : S’est fait traiter de « separatist cow » en 1995 par un sénateur canadien.
Angle sur le sujet : Le démarche met la CAQ sur la défensive vu que François Legault doit porter le costume de Capitaine Canada.
Note : B.
Chantal Hébert, Tout un matin, Radio-Canada
Appartenance politique : Chroniqueuse qui est no-nonsense à l’extérieur, et Jean Chrétien à l’intérieur.
Angle sur le sujet : Elle a ressorti tous les épouvantails de 1995 en ploguant son livre sur le sujet co-écrit avec Jean Lapierre. En gros, le Québec est mieux de rester dans le rang parce que sinon, le Canada va lui faire la peau à sa sortie.
Note : C. Alors que plusieurs fédéralistes se sont montrés timides cette semaine, Chantal a lancé son nom dans le chapeau comme nouvelle Capitaine Canada.
Luc Ferrandez au 98.5, Cogeco
Appartenance politique : Plateau power! Et un plateau indépendant!
Angle sur le sujet : Il avait des humeurs différentes selon les segments, mais lors de l’entrevue avec PSPP, il s’est montré sincèrement curieux de ce que le PQ présentait.
Note : A. C’est l’entrevue avec PSPP qui était exécuté avec le plus de bonne foi, de curiosité et qui a le plus porté sur le fond. (Même si l’exercice reste un peu abstrait.)
Nathalie Normandeau au 98.5
Appartenance politique : Genre de caricature de Jean Charest, mais très fan de Céline Dion.
Angle sur le sujet : Même quand Paul Arcand lui a rappelé que même Jean Charest et Philippe Couillard ont dit que le Québec pouvait très bien s’en sortir comme pays, Nathalie est demeurée bien certaine que ce serait l’apocalypse.
Note : D. Elle joue son rôle. (Son rôle étant de trouver une façon d’avoir tort sur différents sujets d’actualité chaque matin.)
Les Débatteurs à Noovo
Je me suis tapé le débat à l’émission de Noovo et l’angle de la question n’était pas très subtil : « L’idée de la souveraineté du Québec a-t-elle fait son temps? »
Alors que François Lambert disait que c’est du pelletage de nuage, Déborah Cherenfant a sorti une phrase cool : « C’est à force de pelleter des nuages qu’on voit le soleil. »
En bonus :
Jean-Philippe Wauthier, La Journée, Radio-Canada
Appartenance politique : Rêve de devenir diplomate canadien.
Angle sur le sujet : Se trouve encore bien drôle de ridiculiser l’indépendance et de manger du péquissssse avec des jokes dignes d’une fin de soirée de congrès libéral en 2006.
Note : D.
Infoman, Radio-Canada
Appartenance politique : Être chummey avec le pouvoir afin de faire de bons segments avec ce même pouvoir la veille du jour de l’an.
Angle sur le sujet : Se moquer de combien le Québec pays serait une joke vu qu’on est des épais qui trippent cabane à sucre et Labatt 50.
Note : C. C’est leur rôle de se moquer, mais disons que si on cherche de l’humour subversif, ça fait longtemps qu’on ne le trouve plus à Infoman. Ça aide à durer aussi longtemps, j’imagine.
Je sais, il me manque plusieurs intervenants, notamment de la presse écrite, mais je ne pouvais pas réalistement tout faire. Voici tout de même quelques observations plus macro :
Pour la journée de mardi, il devait y avoir 10-12 chroniques dans le Journal de Montréal sur le sujet alors que du côté de La Presse, Paul Journet étant seul au bat pour le groupe. Le lendemain, l’économiste de la Presse sortait enfin pour critiquer la job des six autres économistes.
Mercredi matin, dans un petit segment de Tout un matin à Radio-Canada, Hugo Lavoie venait nous parler des éditoriaux sur le sujet, et il a parlé des textes les plus négatifs pendant tout son segment, mais il a glissé une petite chronique positive dans le dernier 10 seconde! Bel effort de rattrapage!
On aussi eu droit à cette PERLE :
Mais sincèrement, je dirais que jusqu’au moment d’écrire ce texte, l’exercice s’est plutôt bien passé. Je l’explique par trois raisons principales :
Personne n’a trouvé de faille majeure dans l’initiative. Chaque petit début de feu a rapidement été éteint parce que les trucs qu’on soupçonnait d’être problématiques dans le budget s’avéraient non fondés.
Paul St-Pierre Plamondon est désarmant en entrevue. Il n’est pas susceptible. Il n’est pas dans une dynamique de confrontation. Ça donne des entrevues qui tombent rarement dans la guerre d’égo ou dans l’émotion.
La possibilité de l’indépendance n’est pas encore vraiment une menace. Lorsque l’indépendance deviendra une réelle possibilité, les gants (et les masques) de plusieurs fédéralistes tomberont très rapidement et plusieurs des hardcore fédéralistes qui ont choisi d’ignorer la nouvelle toute la semaine pour éviter de lui donner de l’oxygène vont vite ressortir.
Mais bref, ce qui ressort de l’exercice de cette semaine, c’est que même si on est tous d’accord pour dire qu’on ne fait pas l’indépendance pour économiser de l’argent, à peu près tout le monde de raisonnable a concédé qu’il est évident que le Québec s’en sortirait tout à fait correctement comme pays indépendant. Juste pour ça, l’exercice en valait la peine, parce que trop souvent, on voit des gens essayer de faire peur au monde en prétendant que le Québec ferait faillite et se ramasserait comme un autre pays du tiers-monde s’il osait quitter le Canada.
Eh bien c’est faux. Bonne chose de réglée!
Sauf que les militants fédéralistes en sont déjà à déplacer la ligne des buts et maintenant, on souhaite plutôt évoquer que c’est lors de la séparation que ça va très mal virer.
Je vais utiliser la populaire analogie du couple pour illustrer la dynamique Québec-Canada. En gros, on nous suggère fortement de demeurer dans notre couple dysfonctionnel sous prétexte que lors d’une séparation, les choses pourraient virer très mal et on ne sait jamais ce qu’un mari en colère pourrait faire sur un coup de tête!
C’est une façon de voir les choses.
On ajoute ça à la liste des peurs à analyser, et à déconstruire.
J'ai ri fort à "Évangéliste woke"!
J'aime aussi observer comment ceux qui rapportent les nouvelles parlementaires traitent l'information, ce dont ils choisissent de *ne pas* parler, etc. J'ai en tête Alain Laforest, Louis Lacroix, Marie Hélène Tremblay, Véronique Prince, Sébastien Desrosiers, etc. Certains ont un biais pro-QS et leur donnent plus de visibilité que d'autres.