Alanis aurait trouvé ça ironique.
Je prévoyais publier un texte sur l’importance des femmes en politique, sauf qu’avant de terminer mon texte, je me lève sur cette nouvelle comme quoi Émilise Lessard-Therrien quitte son poste de co-porte-parole chez Québec solidaire.
Voici le lien vers sa publication Facebook :
Je ne peux pas dire que je suis étonné de lire ça.
On lisait déjà dans les derniers jours que « la greffe n’avait pas pris » et qu’on travaillait fort à ce que ça prenne. De toute évidence, Émilise a manqué d’énergie et d’espoir pour continuer.
Côté énergie, j’ai l’impression que Lessard-Therrien est arrivée épuisée de sa course au co-porle-parolat (rappelons que la fille faisait le tour des régions avec sa tente en mode camping!) et pour l’espoir, elle est débarquée dans un parti en état de survie où les ressources pour faciliter son intégration étaient bien minces.
D’ailleurs, j’avais dénoncé son bas salaire à son entrée en poste il y a quatre mois.
Le symbole par l’establishment de QS était fort : le parti est pauvre et on ne lui accordera même pas l’importance d’une simple député. On repassera pour la solidarité.
Tout ça arrivait alors que Catherine Dorion venait de rincer Gabriel Nadeau-Dubois dans son livre. Une chicane où Lessard-Therrien s’était clairement déclarée Team Dorion.
Il y a fort à parier que dans un parti comme QS, le débat se fera sur la base d’une dynamique homme-femme. Je doute fort que GND soit l’incarnation du patriarcat, mais pour le nombre de fois où il a prêté ce genre de mauvaises intentions à ses adversaires, il sera difficile de le plaindre.
« Qui vit par l'épée périt par l'épée. »
Si on dépersonnalise le débat et qu’on porte un regard un peu plus macro, le parti semble arriver aux limites de son concept de porte-parole. On rassemble des idéalistes qui militent ensemble, et lorsque qu’ils grimpent dans la hiérarchie pour atteindre le sommet, ils peuvent enfin… porter la parole du rêve des autres.
Ça pouvait fonctionner avec des leaders forts de la vieille garde tels que Françoise David, Amir Khadir et Manon Massé, mais pour la relève, est-ce qu’on ne crée pas une machine à générer du rêve déchu?
Cette question était inéluctable pour un parti comme Québec solidaire. Éventuellement, ils allaient devoir choisir entre :
préserver son côté utopiste au risque de maintenir le parti dans la marginalité
entrer dans le moule pour mieux performer à l’intérieur du système, perdant du même coup son idéalisme
Aucun de ces choix n’est agréable et assurément, il y a encore des optimistes qui prétendront qu’il est possible d’arriver à exécuter les deux en même temps, mais en attendant, le départ d’Émilise représente bien tout le coût humain qu’implique un tel tiraillement.
La politique partisane en plus d’un faible ersatz de ce qu’une démocratie devrait être ne feront jamais des enfants forts.
Chacun tire la couverte et joue sur les sentiments et les peurs de l’électorat pendant qu’en arrière-plan les lobbies s’accaparent le bien commun.
Une lecture fort juste de la situation. Un parti d'idéalistes qui cherche à s'extirper de la marginalité, et qui ce faisant semble condamné à « générer du rêve déchu ».